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Photo du rédacteurPascale Faivre

COMPRENDRE LES MÉCANISMES DU STRESS ET SES EFFETS DÉLÉTÈRES SUR LA SANTÉ (1/2)

Dernière mise à jour : 13 juil. 2022


Le stress, aujourd’hui, est reconnu comme un problème majeur de santé et est responsable de bien des maux en constante augmentation ces dernières décennies. Il est le facteur prédisposant, favorisant ou déclenchant de près de 80% des pathologies telles que les maladies cardio-vasculaires, les plus connues mais aussi l’obésité, le diabète 2, la dépression, la stérilité et certains cancers.


QU’EST CE QUE LE STRESS ?

Le stress existe depuis la nuit des temps. Il est indissociable de la vie. A l’origine, il correspond à un mécanisme de défense de notre organisme destiné à lutter contre les agressions et à affronter les situations nouvelles… C’est une réaction d’adaptation à notre environnement afin de maintenir notre équilibre interne…


Nos ancêtres Homo sapiens pour qui le danger était avant tout une menace vitale (animaux, ennemis, climat…) s’adaptaient à leur environnement et survivaient grâce à lui. En effet, pour eux, la phase d’alarme que nous appelons stress, leur permettait de se préparer à la fuite ou au combat afin d’éviter un danger ou une menace.


Cet ensemble de réactions consécutives à la perception d’un danger est interprété comme un héritage de nos aïeux. Mais les temps ont changé… Aujourd’hui, nous ne sommes plus menacés par des animaux féroces mais par des piles de dossiers qui s’accumulent, la course à la performance, les nouvelles technologies, les tracas quotidiens ou encore un compte bancaire dans le rouge… Pourtant, notre organisme, lui, n’a pas modifié sa façon de réagir. Le système de réponse au stress ne sait pas qu’il est au XXIe siècle. Il pense qu’il est toujours en train de nous préparer à chasser le mammouth, comme au temps de la préhistoire. Il ne sait probablement pas la différence entre un mammouth et le fait d’être pris dans un embouteillage alors que nous sommes êtes déjà en retard. Dans les deux cas, il sécrète toujours les mêmes hormones de stress qui ont les mêmes répercussions sur votre corps et votre cerveau.

Face aux demandes de la vie quotidienne d’aujourd’hui, la réponse au stress, activée de manière répétitive ou chronique, devient délétère. Nos réactions au stress sont surdimensionnées, nos systèmes d’adaptation sont en sur-régime, notre seuil de tolérance est largement dépassé, notre organisme ne peut plus suivre.

Et voilà que ce stress, pourtant vital et bénéfique, mais dont les réponses sont souvent inadaptées, nous épuise et finit par nous rendre malade.

Le stress ami de l’homme des cavernes est devenu l’ennemi numéro un de l’homme moderne.


DÉCOUVERTE ET DÉFINITION ACTUELLE DU STRESS

Si le stress est vieux comme le monde, l’étude de ses mécanismes et de ses conséquences sur l’organisme est beaucoup plus récente.


Les premières recherches ont été réalisées au cours du XIXe siècle. A la suite des découvertes fondamentales, bien d’autres avancées ont été faites. Aujourd’hui le stress est un phénomène à la fois biologique, psychologique et social, qui met en jeu notre organisme dans sa globalité (corps-cerveau-esprit) et qui se situe à la frontière de notre monde émotionnel.


L’idée de l’interaction entre l’individu et l’environnement s’illustre aussi dans l’orientation des définitions actuelles du stress à ne plus désigner le stress par les agents qui le provoquent mais par les réponses des individus aux différents facteurs qui y sont à l’origine. Ceci nous amène a définir le stress du troisième millénaire comme « un état transitoire de désadaptation fonctionnelle, dont les symptômes psychiques, physiologiques et comportementaux manifestent une tentative d’adaptation non encore réussie et se manifestant à court ou moyen terme. Cet état transitoire, s’il ne se traduit pas par une reconquête d’un nouvel équilibre psychique, évolue vers le burn-out » (Schaufeli et Enzmann, 1998).


Cette conception a dégagé la notion de stress perçu. Alors que le stress objectif est considéré à partir d’agents stressants externes, définis comme facteurs déclenchants, le stress perçu est lié à l’évaluation qu’en fait chacun en tant que menace ou défi pour lui-même.


Le stress perçu est influencé par deux types de facteurs :


Des facteurs personnels émotionnels comme l’affectivité, l’anxiété,

Des facteurs situationnels comme l’imprévisibilité, l’ambiguïté ou l’incontrôlabilité de l’événement.


Les sources de stress sont multiples : individuelle (maladie), familiales, professionnelles (relations hiérarchiques, type de profession), sociales (condition de vie, niveau socio-économique, ethnie).


Cette approche met l’accent sur le fait que l’évaluation subjective de la situation est plus importante que les faits objectifs. Ce qui veut dire que confronté à un même événement, chaque individu interprétera à sa façon la situation et mettra en place des stratégies d’adaptation différentes. C’est pourquoi certaines personnes réagissent mieux au stress que d’autres.


Retenons quelques notions importantes :


L’interaction de l’individu avec son environnement et les mécanismes mis en jeu pour permettre à l’organisme de maintenir son intégrité et la stabilité de son milieu intérieur en dépit des incessantes fluctuations de son environnement sont des processus complexes.

Les réponses de stress mettent en jeu de nombreux systèmes biologiques, dont le cerveau et le sytème endocrinien (hormones), acteurs principaux des régulations de l’organisme.

Il ne faut pas restreindre l’étude de l’adaptation et du stress à leurs aspects biologiques, mais prendre en compte la perception de l’environnement par l’individu et les possibilités comportementales dont il dispose pour le contrôler. Perception, intégration et action sont des opérations exercées par le cerveau et sont très variables selon le patrimoine génétique et l’histoire de l’individu,


Les mécanismes du stress


Comme nous l’avons vu plus haut, faire face à une situation stressante est une réaction normale pour notre survie. Cette réponse adaptative et instantanée dure quelques minutes à quelques heures le temps de gérer ou éviter un événement nuisible.

C’est lorsque la période de stress se prolonge que le stress devient néfaste.

Plus la période de stress se prolonge et plus elle est préjudiciable pour l’organisme.

Ainsi, il existe 3 phases dans les mécanismes d’adaptation en fonction de la durée de l’exposition au stress :


La première phase : c’est la phase d’alarme


La phase d’alarme est la réponse instantanée à n’importe quelle situation de stress (physique ou psychique), avec ses modifications physiologiques adaptatives et bénignes…Le système nerveux soumis à un événement stressant provoque la libération d’hormones ; adrénaline et noradrénaline pour nous préparer à gérer au mieux et au plus vite la situation (fuir ou combattre). Cette activation est responsable d’effets stimulants cardio-vasculaires : augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, tensions musculaires entre autres, réactions connues de tous face à un danger potentiel. Une fois la menace écartée, les systèmes de régulation entrent en jeu permettant ainsi le retour à l’équilibre et tout rentre dans l’orde au bout de quelques minutes.


La deuxième phase : c’est la phase de résistance


Toutefois si l’exposition au stress se prolonge, l’organisme entre dans la deuxième phase, appelée phase de résistance, et c’est à ce moment là que le stress peut devenir nuisible.

Au cours de la phase de résistance la mobilisation des énergies de l’ensemble du corps est nécessaire et c’est le système hormonal qui prend la relève avec la sécrétion de cortisol, la fameuse hormone du stress. La durée de cette phase est fonction de l’intensité et de la durée de l’exposition à l’agent stressant et des capacités d’adaptation de l’organisme. Cette libération de cortisol est d’ailleurs à l’origine d’une détresse émotionnelle, s’exprimant au travers différents symptômes, en fonction des individus…


Voici les symptômes possibles de la phase de la phase de résistance :


  • Anxiété : peur, inquiétude, malaise intérieur…

  • Angoisse : fatigue, palpitations, oppression, troubles digestifs.

  • Tensions : tétanie, tensions et spasmes musculaires (évocateurs d’une carence en magnesium), tension dans les mâchoires

  • Hypervigilance : difficultés de concentration, troubles de la mémoire, perte de motivation, troubles de l’endormissement, réveils nocturnes, réveil trop tôt…


La troisième phase : c’est la phase d’épuisement


Si le stress persiste plusieurs mois, on parle alors de stress répétés ou de stress chronique. L’organisme ne peut plus faire face. Cela entraine une dépense énergétique importante et durable des resources de l’individu le mettant dans un état de “survie”. C’est la bascule dans la troisième phase qui est la phase d’épuisement. Cette phase engendre des faiblesses dans les capacités adaptatives de l’individu face au stress :


D’un côté, l’organisme ne peut plus répondre de façon adaptée, la production des hormones diminue ainsi que la résistance physique.

De l’autre, ce sont toutes les réponses physiologiques perturbées qui viennent s’ajouter, ce qui a pour effet d’amplifier la main mise du stress négatif sur l’individu.

A l’extrême le stress provoque l’apparition de pathologies graves dont nous pouvons noter les plus sévères :


Maladies cardio-vasculaires, ulcères, colites, certaines formes d’asthme, eczéma, inhibitions des mécanismes de la croissance (vieillissement accéléré) et de la reproduction (stérilité), certains cancers, des dépressions qui peuvent aller jusqu’au burn-out et à l’acte suicidaire.


Analysons maintenant ce qui se passe physiologiquement au cours ces 3 phases.


LES RÉPERCUSSIONS PHYSIOLOGIQUES DU STRESS


Au cours de la phase d’alarme :


La réponse spontanée à n’importe quel stress active le système nerveux sympathique et provoque la libération d’adrénaline par les glandes surrénales tandis que le système nerveux central stimule la libération de noradrénaline. Ces deux hormones augmentent le niveau de vigilance et permettent à l’individu d’analyser rapidement la situation afin d’engendrer une réaction de fuite ou de combat.


Les effets de ces deux hormones sont :


  • Augmentation du rythme cardiaque, de la respiration et du tonus musculaire,

  • Libération d’acides gras et de sucre afin de fournir l’énergie nécessaire à l’activité musculaire….pour fuir ou combattre,

  • Diminution de la motilité digestive, les fonctions digestives sont mises en attente ainsi que toutes les fonctions non utiles à la gestion de la situation ( la reproduction par exemple).

  • Elles provoquent aussi une fuite urinaire de magnésium car elles le chassent des tissus entrainant une carence magnésienne. Et le manque de magnésium rend vulnérable au stress.


De plus, la libération de noradrénaline va aussi freiner le GABA qui est un neuro-messager inhibiteur. Cette baisse de GABA va stimuler la libération de cortisol.


Lorsque la situation stressante perdure, la libération de cortisol continue alors d’augmenter, et le corps passe alors dans la phase de résistance du stress prolongé …

Malheureusement aujourd’hui nous sommes de plus en plus confronté à des stress psychiques quotidiens et qui ne laissent pas de répit (harcèlement psycho au travail, chômage, séparation, etc.), ce qui ouvre la porte au stress prolongé.


Au cours de la phase de résistance


La libération de cortisol augmente le taux de sucre dans le sang pour apporter l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau. L’organisme se prépare aux dépenses énergétiques que nécessitera la réponse au stress.

Le cortisol a heureusement la particularité de pouvoir freiner sa propre sécrétion par rétroaction : la quantité d’hormones libérées dans le sang est détectée par des récepteurs du système nerveux central qui la régulent. Mais le cortisol en excès finit par être neurotoxique car il perturbe la production et la libération des neuro-messagers, notamment celle du GABA qui est un anxiolytique naturel. Cette inhibition du GABA crée alors un état d’anxiété.


Si cet état de stress perdure plusieurs mois, on passe alors dans la phase de stress chronique et pathologique


Au cours de la phase d’épuisement


Pour faire face à la situation, l’organisme produit toujours plus d’hormones.

Le système de régulation évoqué précédemment devient inefficace.

L’organisme, submergé d’hormones, est en permanence activé.

Il s’épuise.


Au cours de cette phase, la libération de nombreux autres neuro-messagers telle que la sérotonine (hormone de l’humeur) et de la dopamine (hormone de l’action) chutent, les réserves sont épuisées ce qui amplifie le stress. On se retrouve alors psychiquement désarmé, dépassé. C’est-à-dire que l’esprit est confus et que l’on assiste à une perte de motivation nécessaire pour tenter de se sortir de la situation problématique…


Lors de l’entrée dans cette phase, les capacités énergétiques de l’organisme s’épuisent et il ne peut plus faire face à la situation. Les réserves en neuro-messagers, en hormones, en magnésium,… chutent et les cellules ne sont plus nourries correctement. Il se produit alors une dérégulation des systèmes nerveux et hormonaux. Cette phase favorise l’apparition des pathologies appelées “maladies de l’adaptation”.


Ces maladies de l’adaptation constituent les complications de stress non résolus par l’organisme. Elles sont nombreuses et leurs échéances plus ou moins lointaines :


  • Hypertension artérielle liée à l’excès d’hormones (adrénaline et noradrénaline),

  • Ulcères dit de “stress” liés à l’effet du cortisol,

  • Diabète lié à l’excès de sucre dans le sang,

  • Rhumatismes, fibromyalgie, fatigue chronique et diminution des défenses immunitaires liés au cortisol,

  • Troubles hormonaux

  • Dépression, burn-out, spasmophilie

  • Hypersensibilité émotionnelle


Nous arrêtons ici ce long exposé sur les effets du stress et nous verrons dans un prochain article les protocoles anti-stress.


Par Pascale FAIVRE, sophrologue et naturopathe, fondatrice et formatrice IANEVA, auteure de “Spleen ou stress” aux éditions Amyris




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